L’enregistrement des guitares acoustiques pour « Les Larmes d’Or » de Frédéric Bobin

Il y a mille et une façons d’enregistrer une guitare acoustique. Pour le dernier album de Frédéric Bobin, on a eu l’occasion d’essayer des techniques de prise de son assez différentes d’un morceau à un autre. Et comme on est consciencieux, on a pris des notes sur ce qu’on a fait au cours de sessions. Quelques expérimentations nous ont semblé intéressantes à partager. On fait le bilan calmement en se remémorant chaque instant.

Le disque « Les Larmes d’Or » est sorti en janvier 2018 et est en écoute intégrale ici : Les Larmes d’Or

 

La Maison de mon grand-père

Il y a deux pistes de guitares acoustiques dans ce morceau, l’une qui joue en rythmique, l’autre en picking. En règle générale, on aime bien essayer de diversifier au maximum les éléments entre une piste et une autre, pour favoriser naturellement une différentiation des deux guitares et éviter les effets de phasing. Pour être clair, plus on va modifier d’éléments entre les deux pistes (type de guitare, micro, préampli, convertisseur) et plus elles seront, en général, facile à mixer.

Ici c’est le contre exemple parfait de cette règle, la guitare rythmique et la guitare picking ont été enregistrées exactement de la même manière. Dans les deux cas, une Gibson J45, prise avec un Neumann U87, branché dans un préampli SSL. Simple et efficace ! Il y avait également deux autres micros (un statique plus lointain et un dynamique) mais on ne les a finalement pas utilisés au mixage.

Voici la guitare rythmique :

Et voici la guitare picking (assez sévèrement coupée dans le bas du spectre) :

Et pour finir les deux ensemble :

 

Le dernier voyage de Sindbad

Il y a également deux guitares sur ce morceau. L’une principale, rythmique, qui tient le morceau du début à la fin, et une deuxième guitare qui intervient après le premier refrain, de manière mélodique pendant les couplets et rythmique sur les passages instrumentaux (pour laisser la place au slide et à l’harmonica). Si on écoute uniquement ces deux guitares, ça donne ça :

Pour la guitare principale, on a choisit de faire une prise en stéréo, pour donner une image un peu plus large de l’instrument. On a choisi pour ça un couple de Schoeps Cmc6-Mk4, placé en X-Y, à proximité de la guitare, dans deux préamplis SSL. La technique X-Y a l’avantage dans ce genre de prise d’avoir une très bonne compatibilité mono. La guitare était une Gibson J45.

Pour la deuxième guitare (jouée sur une Taylor) on voulait un son qui tranche radicalement de la première. On a utilisé un AKG D12 (là encore bien coupé dans les graves) couplé à un préampli Neumann, ce qui donne une couleur très années 50, peu d’aigus, peu de graves qui se complète bien avec la première guitare beaucoup plus riche.

 

Les Larmes d’Or

Pour cette chanson qui a donné le titre à l’album, on cherchait un caractère particulier, celui d’une ballade un peu ancienne et on a été attentif à chercher une couleur, un « grain » plutôt qu’une transparence ou une fidélité sonore, mais en gardant une belle richesse dans le son. La guitare principale est ici une Taylor jouée en arpèges, c’est elle qu’on a cherché à colorer, et il y a une seconde guitare, une Gibson, qui intervient en rythmique sur les refrains :

Pour la guitare principale, on a couplé un Neumann U87 (micro statique large membrane) avec AKG D12 (micro dynamique), les deux dans des préamplis Neve. Les deux micros étaient placés côte à côte, et on les a dans le mix, légèrement panés à gauches et à droite. Voici le résultat :

Et pour décomposer encore, voici les deux micros individuels. D’abord le Neumann U87 :

Et le vieil AKG D12 :

Pour la seconde guitare, on voulait quelque chose de très précis dans l’aigu et sur les attaques, comme le tic tac d’une horloge, on a choisi un Schoeps Cmc6-Mk4 dans un préampli SSL, mais surtout la guitare est jouée de manière très très douce au médiator.

 

Le soir tombe

Dans ce dernier exemple, deux guitares acoustiques, l’une en rythmique, l’autre en picking. Pour la rythmique, on a utilisé une technique similaire à l’exemple précédent, en mélangeant le son d’un micro dynamique et d’un statique, légèrement panés à gauche et à droite. On écoute cette guitare prise par un vieil Electrovoice EV664 (dans un préampli Neumann) :

La même guitare enregistrée au même moment par un Schoeps Cmc6-Mk4 (dans un préampli SSL) :

Et le mélange des deux qui nous a semblé intéressant :

Pour la deuxième guitare, on a utilisé un U87 (dans un préampli Neve) :

Et voici donc le résultat des deux guitares ensemble :

 

Voilà on espère que cet article vous aura intéressé ! On a essayé à la fois d’être précis sans être trop technique.

Si vous avez des questions / commentaires, n’hésitez pas.


Les références exactes des préamplis utilisés sont : SSL X-Logic Alpha VHD, Neve-Amek DMCL et Neumann V476.

Les deux guitares qui ont été utilisées sont : une Taylor GS8 et une Gibson J45