On a écouté Alcaline, que le trio lyonnais Tisiphone vient de sortir (reprise du morceau d’Alain Bashung de 1989). Comme ça sonnait bien, on a eu envie de leur poser pleins de questions du genre pourquoi, comment, avec qui, dans quel studio ?
Votre morceau Alcaline se retrouve en « Bonus Track » de la compil Made in France du label Unknown Pleasures Records. Racontez nous un peu l’histoire de cette reprise…
Pedro de Unknow Pleasures Records avait lancé un appel proposant aux artistes de reprendre une certaine vague de chanteurs et groupes français. Il nous a contacté avec un « salut les jeunes », nous invitant à participer. Ca nous a tout de suite parlé l’idée de faire une reprise, et ça faisait un moment qu’on se demandait par qui commencer. Clara avait des envies sur Rowland S. Howard, Léo sur Gala….. Au final on s’est proposé avec les reprises d’Alcaline et de Volontaire. On a opté assez vite pour Alcaline, un peu plus éloignée de notre univers habituel, ce qui pouvait nous amener ailleurs et nous intéressait.
Ou en êtes vous avec Tisiphone, au moment ou vous décidez d’enregistrer « Alcaline » ?
On a sorti un premier L.P. en janvier 2016, on a fait pas mal de concerts avec ce set depuis décembre 2014 dont de belles premières parties comme Jeanne Added et Motorama. Au moment de la proposition de la reprise d’Alcaline, on est plutôt dans une phase de composition sur des nouveaux morceaux. On explore des nouvelles possibilités sonores, des nouvelles configurations, notamment l’ajout de la boîte à rythme.
Qui joue quoi sur ce morceau ?
Clara chante. Léonard joue du clavier et de la guitare. Suzanne joue de la basse, du clavier et gère la programmation de la boite à rythme.
Par rapport aux autres morceaux que j’ai pu écouter, Alcaline est très apaisée, moins tribale (à l’exception de l’explosion vers les deux tiers). Est ce que de se plonger dans l’univers d’un autre vous a donné l’envie d’explorer d’autres pistes ?
On a toujours été attiré par les nappes un peu «plastiques» et planantes, et des titres comme « Empty streets » ou « Spiritual object » de notre premier L.P sont finalement assez proches au niveau de l’ambiance. Ce qui change radicalement notre son c’est que Clara chante en français, qu’elle n’utilise pas ses mains pour les percussions donc son énergie est uniquement vocale, et que nous avons tranché pour une rythmique uniquement électronique. Seulement quelques tambours sont utilisés dans la partie un peu « délire ».
Vous êtes plusieurs chanteurs dans le groupe si je ne m’abuse. Comment s’est fait le choix de qui allait chanter sur ce titre ?
Clara a pris le rôle de chant lead dès la formation du groupe, c’est elle qui a écrit les textes sur notre première époque de composition. Suzanne prend du plaisir à la backer et de mon côté quelques interventions me suffisaient. Pour ce qui est à venir, le français prend plus de place, et j’assume l’envie d’exprimer oralement, de dire des trucs, comme dans notre dernier clip « Heureux je suis ». Clara avait envie de chanter Alcaline et on trouvait ça beau que ce texte soit dit par une femme.
Comment s’est passé la phase de création ? L’un de vous a fait une maquette d’abord ou bien cela s’est fait lors de répètes tous les trois ?
Nous composons la plus part du temps à trois. De temps en temps quelqu’un amène une idée, sinon, les bases des chansons sortent d’impros… Pour Alcaline, Léo est parti sur la grille originale du premier couplet mais avec un son un peu plus planant et Suzanne a créé une rythmique minimale. L’arrangement est venu au fur et à mesure que l’on s’appropriait la chanson. Sinon, on a gardé la structure couplet-refrain-pont de Bashung.
Pouvez vous décrire un peu les choix de production et d’arrangements ?
Fred Roux et Robin Winckler, qui ont fait la prise de son et le mixage ont bien senti l’élan et la couleur qu’on cherchait sur cette chanson, et étaient de très bon conseil. Clara imaginait un fantôme chantant avec elle et Fred avait envie d’utiliser plusieurs versions chant pour donner un côté produit, bizarre à la voix et l’intention de Clara. Le fait de sortir cette chanson pour un enregistrement seulement (dans un premier temps en tous cas) nous a aussi permis de chercher autour de la richesse qu’offrait le « re-re », on a pu enregistrer quelques discrètes parties de violon, enrichir l’arrangement en jouant chacun plusieurs instruments sur les mêmes parties, ce qui ne serait pas forcément possible en live. La reprise et l’enregistrement sont un travail bien différent de ce qu’on a l’habitude de faire qui nous a beaucoup intéressé et fait progressé.
Comment s’est passé l’enregistrement ?
On a enregistré à « La station Mir », jeune local de répétition et studio d’enregistrement lyonnais, ouvert depuis septembre 2016 où nous sommes résidents à l’année. Robin, qui fait partie de l’équipe à l’initiative du studio, nous a proposé de faire un enregistrement pile poil au moment où Alcaline devait sortir. Il a fait les prises de son et Fred s’est rajouté pour le mixage. On est super content de la collaboration, on était du coup presque à la maison, mais avec des conditions pros. On a dû faire deux après midi pour le record de la musique et deux après midi pour le chant… C’était un exercice nouveau pour Clara de chanter en français et ce texte.
Comment s’est passé le mixage ? Est ce que les partis pris de son étaient déjà bien décidés à la prise ou bien est ce que le mixage a emmené le morceau ailleurs ?
On a laissé les copains assez libres pour ce qui est du mixage, ils nous ont fait beaucoup de propositions très chouettes ils ont vraiment participé à l’arrangement . Comme c’était au moment de Noël, on a suivi ça de loin une fois que le chant était posé et c’est ce qui fait qu’on n’est pas sur la compil physique, on n’était pas très précis sur la deadline à laquelle devait sortir Alcaline, heureusement Pedro nous a laissé un peu de temps et nous a proposé de la sortir en bonus sur la version digitale, ce qui nous a permis de revenir fignoler avec Robin et Fred sur la fin, et de la faire masteriser chez Altho.
Et maintenant vous en êtes ou ?
On vient de faire en février la première partie de Frustration à Grenoble… C’était fou de les rencontrer et de partager le plateau avec eux. Pour fin février, une petite tournée suisse et pour la suite : pas mal de dates à venir…Et en parallèle, on continue d’expérimenter, de chercher notre identité pour nos prochaines compositions, on aimerait sortir un nouveau cd pour fin 2017.
Plus d’infos sur Tisiphone :
http://www.tisiphone-faces.com/